En
prendre de la graine
Dire à
quelqu'un « comment vas-tu vieille branche » n'est pas si
anodin que cela puisse paraître à un premier abord ; en effet,
il est écrit dans la Torah :
« L'Adâm
est un arbre des champs » (Devarim/Deutéronome
20:19) (Il s'agit ici d'une lecture allusive du verset, en hébreu un
rémez).
Et dans les
néviim/Prophètes :
« Il
est comme un arbre » (Yirméyahou/Jérémie
17:8)
Et dans le
Séfer Téhilim/Livre des Psaumes, nous pouvons lire
ceci :
« Heureux
l'homme qui trouve son plaisir dans la Torah d'HaShem et murmure
cette Torah jour et nuit, il est comme un arbre planté auprès des
cours d'eau, qui donne ses fruits en leur saison, et dont les
feuilles ne se flétrissent pas » (Téhilim
1:2-3)
« J'ai
vu le méchant puissant, il s'étendait comme un genêt luxuriant »
(Téhilim 37:35)
Et plus tôt,
il est dit :
« Ne
t'irrite pas contre les réshaïm/méchants, n'envie pas les auteurs
du mal. Car ils sont fauchés aussi vite que l'herbe, et ils se
flétrissent comme le gazon vert » (Téhilim
37:2)
Arbre,
arbuste, herbe, gazon, de quoi régaler les botanistes en herbes.
C'est bien joli, mais quel message veut nous
transmettre la Torah ?
La clé à cette porte se trouve dans deux endroits du Houmach
(synonyme de Torah, les cinq Livres de Moshé Rabbénou,
Moïse notre Rabbi) :
א]
« Tu seras maudit[…] et
tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie »
(Béréshit/Genèse 3:14)
A première
vue, on peut se demander où se trouve la malédiction là-dedans !
Le nahash, le serpent, n'a qu'à ouvrir
la bouche et la nourriture rentre à profusion dans sa gueule, tandis
qu'Adâm doit peiner pour faire sortir le pain de la Terre.
Comment cela se fait-il ? L'agresseur paraît être récompensé
tandis que la victime doit encore trimer !
La vérité
est...que c'est l'absolu contraire qui
est juste ! Illustrons cela par une
parabole : « un Roi avait deux
fils qui dépendaient de lui, l'un était bon tandis que l'autre
était méchant par nature. Le méchant provoquait sans cesse le bon,
et un jour ils se disputèrent, en vinrent aux mains, et se
blessèrent tous les deux. Que fit le Roi ? Il envoya son fils
méchant habiter dans une belle maison à la frontière de son pays,
et pourvut à tous ses besoins, tandis qu'il ne donna rien à son
fils innocent. Un de ses serviteurs fit la remarque au monarque qui
lui répondit la chose suivante : « J'ai envoyé mon
premier fils dans cette maison à la frontière afin de ne plus le
voir. Je pourvois à tous ses besoins là-bas, comme ça il n'a plus
à venir en ma présence. Cependant, comme j'aime mon second fils du
fond du cœur, et que sa présence m'est agréable, je
ne lui donne rien afin de le voir tous les jours à mes côtés pour
ses besoins, et je me réjouis grandement de pouvoir l'aider chaque
jour personnellement ».
Maintenant
nous comprenons mieux la malédiction du nahash/serpent :
quand HaShem Elohim le maudit en lui donnant sa nourriture, il
lui fait passer le message comme quoi Il lui
donne tout pour qu'Il n'ait plus à l'avoir « près de lui »,
tandis qu'à Adâm, Il ne lui donne que des ronces et des
épines, afin de l'obliger à se
rapprocher de Lui ! Cela est dit en substance
dans le Shir HaShirim/le Chant des Chants :
« Ma
colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher, qui te caches dans
les parois escarpées, fais-moi voir ta figure, fais-moi
entendre ta voix, car ta voix
est douce, et ta figure est agréable » (2:14)
ב]
Le deuxième passage se trouve ici :
« Il
paye celui qui Le hait sur sa face, pour le perdre »
(Devarim/Deutéronome 7:10)
Rachi
(Rabbi
Shlomo ben Itzhak HaTzarfati)
nous éclaire ici grâce à son commentaire : « Il
les rembourse de leur vivant de ce qu’Il leur doit pour le bien
qu’ils ont fait, afin de les faire disparaître du monde à
venir ».
En effet, chaque homme, même le
plus méchant de tous, possède des bonnes actions à son actif,
quand bien même leur nombre serait minime. Or, HaShem étant
parfaitement Juste, Il se « doit » aussi de récompenser
ces bonnes actions. Que fait-Il ? Contrairement
aux justes à qui Il réserve la récompense pour le Monde à venir,
Il donne la récompense des réshaïm/méchants
dans ce monde, afin que quand ils meurent, ils soient perdus de
l'autre côté, n'ayant plus rien à recevoir.
Concrètement, cela se traduit dans ce monde par des facilités
matérielles, entre autre, ou alors un/des enfants qu'ils n'auraient
pas dû avoir mais qu'ils ont, un mariage autorisé, un travail
rémunérateur obtenu, une santé de fer, etc (bien entendu, toutes
les personnes qui possèdent ces bénédictions aujourd'hui ne sont
pas « maudites » ! Comme nous le dit le Talmud,
Traité Brakhot, ce monde est
composé de justes heureux, de justes malheureux, de méchants
heureux et de méchants malheureux. Une des explications parmi les
milliers qui existent et que cela maintient le libre-arbitre de
l'homme. Car sinon, si le Créateur « récompensait »
ou « punissait » directement, il n'y aurait plus
d'histoire humaine, de mérites, d’œuvres à accomplir, de Projet
Divin. Cependant, il faut quand même savoir qu'à plusieurs niveaux,
cette Justice Divine telle que décrite ici existe).
Maintenant, qu'entendons-nous par
méchant/rasha ?
Un rasha est-il forcément
un Hitler, un Staline, un islamiste coupeur de tête ou encore un
curé du temps de l'inquisition ? Non, c'est beaucoup plus
subtil que cela. Dans la B'rit Hadasha,
l'Alliance Renouvelée, nous voyons que le petit groupe de
proushim/pharisiens dénoncé par le Messie et les
Rabbins était également composé de réshaïm.
Pourquoi ? Car malgré le fait qu'ils
pratiquaient la Torah,
leur cœur était vide de l'esprit de la Torah,
c'est-à-dire de la Volonté, de la Justice, de la Miséricorde et de
l'Amour Divin. Ces quelques pharisiens avaient une apparence de Torah
mais un cœur de nahash, de serpent.
Et là nous pouvons comprendre :
un rasha existe à tous les niveaux, et est une personne qui
se coupe du Plan Divin pour sa vie, en s'éloignant de Sa
Parole. Ça peut être un Hitler comme un Juif religieux ou un
Gentil croyant (chrétien). Le Roi Messie nous avertit de la
fin de telles personnes :
« Retirez-vous
de moi vous qui abolissez la Torah »
(Matityahou/Matthieu 7:23)
Pire, le rasha, assimilé au
serpent, fait croire qu'il suit les enseignements divins et qu'il est
un modèle. En effet, le mot serpent en hébreu, nahash,
a la même valeur numérique que Mashiah/Messie,
soit 358 (משיח
= נחש).
Cela signifie que cet « animal »
est capable de prendre la forme d'un juste, d'un croyant, et de
pervertir la Communauté d'Israël
(au sens large du terme, Israël et les Gentils greffés
parmi les Juifs) de l'intérieur. Ces réshaïm sont
les pires de tous, et la Torah appelle ce groupe le érev
rav, un ramassis de gens.
A ce propos, un de nos grands
Maîtres, le Gaon de Vilna, se mit un jour à beaucoup
pleurer. Un de ses talmidim, élève, vint et lui demanda la
raison de ceci, et le Rabbi de lui répondre qu'il avait vu
par inspiration de l'esprit saint les Temps de la Fin, et que
beaucoup « d'infiltrations » aurait lieu au sein des
Communautés, d'une telle subtilité qu'il avait peur qu'Israël
(encore une fois au sens large du terme, ceux qui suivent la Torah
et le Messie, Juifs et Gentils) n'arrive à les
détruire avant qu'il ne se fasse « détruire » lui-même.
Pourquoi est-ce si difficile ?
Car depuis toujours, les grands selon ce monde (principalement
Edom/Le monde occidental et Ishmaël/le monde oriental)
ont voulu détruire la Communauté du Roi. N'y étant pas parvenus de
« l'extérieur », cette klippa
(ce mot hébreu signifie une écorce, c'est-à-dire un
« obstacle » s'interposant entre HaShem et Sa
Volonté, Sa Communauté) va changer de forme
et s'infiltrer à « l'intérieur », en essayant de
pervertir et de perdre les individus, les communautés, le Peuple.
D'où savons-nous cela ? De la
Torah, car il est écrit dans la Torah que lorsque
Israël est sorti de Mitsraïm, d’Égypte, un
ramassis de gens est sorti avec lui. Or, nos
Rabbis
enseignent que parmi ces gens, une écrasante majorité étaient des
personnes à la solde de Paroh/Pharaon
qui avaient pour mission d'infiltrer Israël et de le détruire.
C'est par exemple eux qui sont à l'origine de la faute du veau d'or,
ils en ont été les instigateurs.
Maintenant, la question peut se
poser : mais comment reconnaître ce érev rav, cette
klippa, ce nahash ? Une des
réponses est celle donnée plus haut : cette personne ou ce
groupe, comment évolue-t-il ? Comme un brin d'herbe, au pire un
genêt soit un arbuste, ou bien comme un arbre véritable ?
Car voici maintenant la réponse à
l'interrogation donnée en introduction : la Torah
énumère différents types de végétation pour nous apprendre la
chose suivante, en partant de la base que forment les deux Textes de
la Torah développés ci-dessus : un
rasha
est une personne qui va connaître la récompense de ces
mitsvot/commandements
sur Terre, dans notre monde. Résultat, sa vie se déroule, de
manière général, sans grand remous, et il obtient presque tout ce
qu'un homme désire dans sa vie en peu de temps et sans efforts. Ce
sont des personnes qui obtiennent ce qu'elles désirent alors
qu'elles ne marchent pas dans les voies de la Torah,
de la Parole, ou alors semblent plus ou moins y marcher
extérieurement mais le cœur ne s'y trouve pas. Ainsi,
comme des brins d'herbes, l'on peut dire qu'elles atteignent
rapidement leur stade mature, leur stature « adulte ».
Elles sont « bien vertes », « bien voyantes »
et « attirent le regard » (le décodage est laissé à
vos soins). Mais leur espérance de vie est « faible »,
leur monde futur inexistant, et au final :
« HaShem
habille de la sorte l'herbe des champs, qui est là aujourd'hui et
qui demain sera jetée au feu » (Matityahou/Matthieu
6:30) (Rémez sur ce passage)
Ils peuvent se mélanger aux arbres
véritables, cependant, il arrive un moment où
leur nature profonde et véritable refait surface et il devient alors
possible de les identifier clairement.
Les plus « grands »
d'entre eux peuvent atteindre la taille d'un genêt, mais qui sera
vite déraciné. Au contraire, un juste se reconnaît par la
difficulté de son avancée, de son évolution.
Le
Tsaddik,
le juste, tombe sept fois et se relève tandis
que le rasha tombe et ne se relève plus
(Mishléi/Proverbes
24:16). Pour
reprendre les images, le juste va de « galère » en
« galère » car ces épreuves taillent son « tronc »,
et pour finir, au bout de sept fois (chiffre symbolique désignant
ici un cycle), il atteint son Shabbat personnel, sa taille
adulte définitive (un chêne, un palmier, un cèdre, chacun selon le
travail qu'il aura fourni), et il est dans toute sa force (le mot
hébreu arbre ets vn de force) C'est la raison également pour
laquelle le Messie, dans Yésha'yahou/Isaïe
53 est appelé « faible plante » à ses débuts. Alors
que le rasha « pousse » d'un seul coup, mais
sera déraciné pour ne plus jamais repousser.
Que chacun prenne donc courage et
continue son combat, selon la mission que le Créateur lui a
assigné dans ce monde. Et n'oublions pas cette magnifique, profonde,
mystérieuse, mais porteuse d'espoir, phrase, rapportée par nos
Maîtres dans le Talmud :
« Quand
HaShem aime quelqu'un, Il lui dit « attend ! » »
Sources :
Cours de Rabbins
Tanakh (Alliance
du Sinaï)
B'rit Hadasha
(Alliance Renouvelée)
Torah Orale
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