La
Route du Roi
Qu'est-ce qu'un Roi ? Pour
certains, c'est un homme avec une couronne d'or sur la tête, assis
sur un trône et donnant des ordres à droite à gauche. Pour
d'autres, c'est un conquérant plus ou moins sanguinaire. Pour
d'autre un « profiteur » du système (accès « illimité »
aux ressources du royaume pour son propre plaisir). Il peut
également être un dictateur, un navet, etc...
Bref, ce qui nous intéresse,
c'est la définition de la Torah. Elle est simple, courte, vrai, et
percutante :
« Un Roi ?
C'est celui qui a le droit de s'ouvrir un passage sans que l'on
puisse s'y opposer » (Sanhédrîn 20b)
La Royauté (Malkhout en
hébreu) est un état potentiel présent à l’intérieur de chaque
enfant d'Israël, comme il est dit :
« Vous serez une
Nation de prêtres » (Shémot/Exode 19:6)
En réalité, cette
traduction est totalement fausse. Les Israélites ne sont pas appelés
à devenir des curés, mais des Rois, comme le souligne Rachi dans
son commentaire :
« Des
princes [et non des prêtres], comme dans : « Et les fils
de David étaient prêtres (kohanim) » (II Chemouel 8, 18)
Il est bien évident que les fils du
Roi David étaient de la Tribu de Yéhoudah (Juda) et non de Lévi, et
pourtant le Texte les appellent des « cohanim ». Car en
hébreu, ce mot signifie aussi « prince, chef, Roi ».
Mais ne devient pas Roi qui veut !
Car si le salut, la yéchou'a, est accessible gratuitement à tous
les hommes, la Royauté, elle, se mérite. Et, surtout, elle a un
prix. Car celui qui devient un Roi véritable devient...un serpent !
Et c'est là que se trouve le plus grand secret de toute la Torah !
Le serpent qui
devint Roi !
Il existe quelque chose de curieux dans
la Torah : au début de la Création, E.lohim dit que « toutes
choses furent bonnes ». Or, au moment de dire « et cela
fut très bon », nos Maîtres rapportent : « cela
fait référence au mauvais penchant » (Béréshit Rabbah 9:7).
Comment est-ce possible de dire que le yetser harâ, personnifié
dans le serpent, soit « très bon » alors que tout le
reste de la Création est « simplement « bonne » ?!
Dans la Guémara, il est dit que « le
yester harâ est l'épice de la Torah ». Cela signifie que le
mauvais penchant, l'essence des forces du mal, a pour mission
principale de...servir l'homme de Torah !
En clair, le but ultime de l'homme,
d'un Roi, n'est pas de combattre et d'annihiler le serpent, mais de
l'intégrer à lui et de s'en servir pour sa construction
personnelle !! Et l'allusion à cela se trouve dès le début de
la Torah : il est, en effet, parlé du serpent qui tenta le
premier couple. Or, le mot serpent, en hébreu נחש
nahash, possède la même valeur numérique que le mot משיח
Mashiah, Messie !
Comment ? Le Messie lui-même
possède la même essence que le serpent ?? Non, le Roi Messie
est l'homme qui, par excellence, a intégré le serpent en lui. Comme
si il rusait encore plus que le malin lui-même !
Dans la Parole, il est dit qu'HaShem
« s'amuse » avec le Léviatâne, le grand serpent des
mers, et les commentaires disent qu'il s'agit du mauvais penchant. De
même, le Roi « joue » avec le mauvais penchant, en se
servant de lui pour arriver à ses fins. Une autre allusion à cela
se trouve dans le Séfer Bamidbar, le Livre des Nombres, où il est
dit que Moshé a élevé le serpent dans le désert, et les
Israélites qui regardaient à lui étaient sauvés. L'homme a chuté
à cause du serpent, et c'est le serpent qui le guérit ! Ou, en
gardant la même valeur numérique du mot, le Messie.
Mais peu d'hommes arrivent à ce
niveau : ou, d'un côté, les hommes tombent dans les fautes les
plus basses (le monde païen) ou l'homme essaye de se couper au
maximum du yester hara (les religieux). Au milieu de ces deux
extrêmes se trouve le Roi : il s'enfonce dans la matérialité
de ce monde tout en « slalomant » entre les pièges du
yester harâ, et, plus encore, en étant plus malin que lui.
Le prix à payer pour cela est que le
monde ne comprend pas de tels hommes, et la preuve avec le Roi Messie
lui-même : depuis 2000 ans, pour les Juifs, Yéshou'a est le
serpent incarné (!), pour les Non-Juifs, il est le sauveur de
l'humanité. Comment un même homme peut-il être perçu par le monde
selon deux points de vus à l’extrême opposés l'un de l'autre ?
Il n'existe aucune explication rationnelle à cela, sauf le fait
qu'il s'agisse d'un Roi, du Roi par excellence.
D'ailleurs, nous observons également
cela dans les récits de l'Alliance Renouvelée : comment
Yéshou'a peut-il manger et boire avec des pécheurs, être suivi par
des prostituées, passer autant de temps avec les 'amei haarets, les
« gens de la terre, sans instructions » et ne commettre
aucune faute ? C'est ici le niveau le plus haut que l'homme
puisse atteindre.
Une Vie de Roi
Une autre dimension d'un homme Roi est la façon dont il mène sa vie. Nous avons vu que la Mishna nous
enseigne que le Roi s'ouvre un passage où et quand il veut, et rien
ne peut l'arrêter. Cela est illustré dans la Torah orale : il
est dit que quand les enfants d'Israël arrivèrent devant la mer des
joncs, avec l'armée de Pharaon les poursuivant, Moshé ne sut que
faire, et il cria à HaShem, qui d'ailleurs le lui reprocha. Or, la
Tradition orale nous rapporte qu'à ce moment-là, le chef de la
Tribu de Yéhoudah/Judah, Nahshône ben 'Aminadav, s’avança dans la
mer et dès qu'il eut de l'eau jusqu'à un certain niveau, celle-ci
s'ouvrit ! Par « pur hasard » bien sûr, son nom,
Nahshôn, dérive du mot Nahash, serpent.
Nahshôn avait décidé de traverser la
mer, et la mer s'est ouverte devant lui. Même Chuck Norris n'a
réussi une telle prouesse !
Mais comment un homme peut-il atteindre
une telle dimension ? Que par la Torah, qui est appelée
« Force » comme il est dit « Il donne la Force à
Son Peuple ». N'est libre et fort que celui qui s'adonne à la
Torah, car toutes les forces de la Royauté sont en elle. Notre
Maître, Yéshou'a, a dit que « vous connaîtrez la vérité,
et la vérité vous rendra libre », et les Téhilim/Psaumes
disent que « Ta Torah est la Vérité ». Plus un homme
s'adonne à la Torah, et plus son libre-arbitre grandit, et tel un
Roi, il peut décider de sa vie, et non plus la subir.
Plus un homme plonge dans ce monde loin
du Créateur, croyant devenir libre, plus c'est le contraire qui se
passe : il se lie lui-même à ses passions, ses démons, sa
chair, et devient semblable à un animal, conduit que par ses
instincts. À l'inverse, plus un homme se lie à son Créateur, plus
il s'enfonce dans ce monde de matérialité avec la Torah, et plus il
devient libre, grand, Royal !
La Torah enseigne également que tout
dépend du Ciel sauf la crainte du Ciel. C'est-à-dire qu'HaShem
décide tout pour l'homme : son conjoint, son travail, là où
il habitera, ses épreuves, qui il devra rencontrer à quel moment,
etc. La seule chose qui n'est pas décidé ce sont ses choix dans le
bien ou dans le mal. Cela est remis entre les mains de l'homme.
Cependant, ces choses concernent l'homme...mais pas le Roi. Car le
Roi est lié au Créateur par la Torah. Or, l'étude et la pratique
de la Torah permettent de changer le destin de l'homme. Ainsi, par la
Torah, le Roi peut même faire changer HaShem dans Ses décisions !
C'est là l'un des plus grands secrets de la Royauté. Et une
allusion à cela se trouve dans une histoire racontée par nos
Maîtres : il existait un homme qui avait fait tous les péchés
du monde. Un jour, une Voix céleste retentit et annonça que tous
les hommes pouvaient avoir accès au Monde Futur sauf untel !
Soyons honnête : si HaShem en
personne nous disait : « quoi que tu fasses, tu es
perdu », comment réagirions-nous ? Soit on récolterait
le plus de plaisir possible de ce monde en s'enfonçant dans le
péché, car « perdu pour perdu », autant en profiter au
maximum, soit l'on tomberait en dépression profonde. Mais en
réalité, HaShem désirait plus que tout sauver cet homme. Pourquoi
alors annoncer sa perdition ? Car en entendant cela, l'homme
devra aller chercher les forces de la Royauté enfouies au plus
profond de son âme et déclarer à toute la Création : même
si les puissances inférieures et supérieures, les anges et le
Créateur Lui-même me feraient obstacles (!), non seulement je
continuerai d'y croire mais en plus j'avancerai, même si c'est peine
perdue !
Et cet homme, au final, fut délivré.
Comme Nahshôn qui s'enfonça dans la mer, peine perdue aux yeux des
hommes et des anges, et qui, pourtant s'ouvra devant lui.
Qu'est-ce qu'un homme animal ?
C'est celui qui quand il arrive devant une montagne, un obstacle dans
sa vie, il fait demi-tour, par lâcheté, par peur, etc. C'est l'état
de la majorité des hommes, croyants compris.
Qu'est-ce un homme « normal » ?
C'est celui qui va chercher à contourner la montagne pour essayer de
trouver un autre chemin lui permettant d'avancer, tant bien que mal.
Qu'est-ce qu'un Roi ? C'est celui
qui défonce la montagne et continue sa route, là où il a décidé
d'aller !
Le Roi est une personne insaisissable,
qu'il est impossible de mettre dans une case. Il appartient à tout
le monde et à personne en même temps. Il est vu comme un serpent
par certain, comme un chef par d'autres. Dans le cas extrême du Roi
Messie, il est mis à mort par certain, son nom étant même un
blasphème qu'il est interdit de prononcer, mais le représentant
ultime d'HaShem par d'autres.
Le Roi, possédant toutes les tendances
en lui, est capable de réunir des gens de tout horizon :
Yéshou'a a dans ses élèves des pharisiens, des pécheurs, des
zélotes, des Juifs, des Gentils, etc. Le Roi David, fuyant Shaoul,
avait à ses côtés des Juifs, des Gentils, des guerriers, des
talmidéi hakhamîm (étudiant en Torah), etc.
Chacun a la possibilité de devenir un
Roi, car tout fils/fille d'Israël et greffés authentiques possèdent
ce potentiel. Mais peu l'utilise ou veulent s'engager dans cette
voie.
Sache écouter !
Un proverbe hassidique nous dit :
« tout ton monde, c'est HaShem qui te parle : sache
écouter » ! Et Rabbi Shaoul dira qu'il faut examiner
toutes choses, et retenir ce qui est bon. Dans ce monde, rien ne peut
tenir si il n'y a une parcelle de vérité, de lumière, présente.
Il y aurait beaucoup de choses à dire, mais beaucoup de perles ne se
donnent pas sur « la place publique » et...il est
préférable de se contenter de ce qui va suivre. Certains pourront
aller plus loin dans ces choses si ils le souhaitent.
Tout autour de nous, dans ce monde, il
existe donc des parcelles de vérités. Prenons un exemple simple :
les super-héros. Ces-derniers, créés par des Juifs ashkénazes
expatriés aux USA, ont conquis le monde entier. Le plus célèbre
d'entre eux est sans conteste Superman. Cet extraterrestre, fils
unique, a été envoyé par son père sur Terre, pour devenir une
lumière pour les peuples et les conduire sur le droit chemin. Bien
entendu, toute ressemblance avec le Messie ne serait que fortuite.
Intéressons-nous au symbole de
Superman, son célèbre « S » :Ce symbole peut, en réalité, se percevoir comme un « Lamed », une lettre hébraïque :
ou bien comme un serpent enfermé dans une « boîte » :
Superman est une représentation
imaginaire Juive du Messie. Inconsciemment, son symbole représente
la Royauté (le Lamed) et en même temps le serpent.
Seul celui qui maîtrise le serpent et
se sert de lui peut atteindre la Royauté ultime ! Ici, c'est comme si Superman affichait fièrement son "serpent maîtrisé" ! Qui lui sert également de symbole royal.
Et que la lettre Lamed soit
représentative de la Royauté, cela est enseigné par le Ba'al
Hatourim qui rapporte que le passage qui traite du Roi d'Israël
dans Dévarim/Deutéronome est précédé et suivit par deux lettres
lamed, de valeur numérique 30.
Et, le hasard avec un grand « D »
faisant bien les choses, Yossef est devenu roi d’Égypte à 30 ans,
David est devenu roi à 30 ans, Yéshou'a commença à 30 ans, et le
nom de la tribu de יהודה
Yéhoudah/Judah, qui donna les rois d'Israël, possède une
guématria de...30, et est composée du Nom Divin avec la lettre
Dalet (de valeur numérique 4) incrustée en Lui. Ce qui signifie que
le Roi est celui qui est capable de vivre sa communion avec son Père
aux quatre coins du monde, de la matérialité !
Appelez-le donc Superman, Revan, Jake Sully,
Skywalker, etc, la figure messianique, dans les représentations
Juives, prend différents noms, différentes formes. Mais l'essence
reste identique. Celui qui a de bons yeux et un cerveau programmé par la
Torah peut percevoir cette figure sous une forme ou sous une autre.
Il s'agit d'une données inscrite dans l'ADN Juif qu'ADoNaï a mit en
lui, et que le Juif, qu'il soit religieux ou athée, cherche à
atteindre pour le devenir, ou du moins cherche à suivre un tel modèle.
*
Le Roi, c'est celui qui pulvérise les
montagnes, qui casse les limites, qui s'agrandit, qui insuffle
l'espoir. Chacun de nous peut en devenir un, et le Roi Messie l'est en puissance.
La Torah n'est pas pour les faibles, pour faire de nous des dépendants,
mais pour nous transformer en guerriers, en Fils et Filles de Roi, car
tel Il est et tel nous sommes, et le Roi Messie n'est que le premier d'un grand nombre de frères !
Mais devenir un Roi, cela a un prix,
qui ne s'explique pas dans une étude, mais qui se vit. Il y a un
grand risque de chuter, et nous le voyons avec le peuple d'Israël,
qui au cours de l'histoire, a vu le plus grand nombre de ses membres
tomber. Une autre partie a préféré s'enfermer dans les maisons
d'études loin du monde pour se préserver. Une minorité a emprunté
la Route du Roi, un certain nombre d'individus ont réussi. Comme
cela a été dit, ici ne rentre pas en jeu la « gratuité »
Divine comme pour le salut.
Par contre, pour la personne qui
réussit, elle atteint le summum de la vie, dans ce monde et dans
celui à venir. Mais ce choix est personnel, et chacun devra le faire à un
moment donné de son chemin.
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